PARDINES
L’abbé d’Issoire possédait des biens à Pardines et en fit hommage à Alphonse de Poitiers. Mais tout donne à penser qu’une autre partie de la terre relevait de la mouvance des comtes dauphins, sans qu’on puisse en préciser la nature. A. Tardieu et A. de Remacle font état d’un fief de Varennes, appartenant à une famille de la bourgeoisie d’Issoire, les Charrier, seigneurs également du fief de Siorat. M. Estienne a proposé également d’identifier ce fief avec le “chastel, hostel et ville de Varennes” que Hugues de Montaigut reconnut tenir en 1337 de ces princes ; mais ce dernier texte semble se rapporter plutôt au château de Varennes, dans la commune de Chambon-sur-Lac. Quoi qu’il en soit, le partage du village entre deux seigneuries est confirmé par la situation juridique : la partie de Pardines qui relevait de l’abbé d’Issoire était sous le régime de droit écrit, celle qui relevait des comte dauphins était de régime coutumier. Vers 1460, Thomas Bohier acheta Saint-Cirgue et, soit en même temps, soit dans les années qui suivirent, il fit également des acquisitions à Pardines : en 1494, il exerçait des droits de justice sur la partie de cette terre qui avait relevé des comtes dauphins. Au début du XVIe siècle, les Bohier obtinrent des comtes dauphins la confirmation et l’extension de leurs droits : en 1501. Louis de Bourbon les autorisa à remplacer le châtelain de Saint-Cirgue par un bailli, à affranchir la terre du ressort judiciaire de Vodable et à exercer par conséquent la totalité de la justice ; en 1511 Charles de Bourbon leur donna la seigneurie (justice et directe) de Pardines (avec elle de Perrier et d’une partie de Chidrac) sous la réserve de l’hommage.
Les incidents de 1486-1495 entre les habitants de Pardines et ceux du village voisin de Chadeleuf sont symptomatiques des tensions, qui pouvaient exister dans la vie quotidienne entre les villages voisins, en raison de morcellement seigneurial (en Limagne les droits de pacage se limitaient par justice) et de l’enchevêtrement des limites seigneuriales et paroissiales (chacun des villages était le siège d’une paroisse). Une telle situation a eu des répécutions sur l’organisation militaire ; chacune des deux communauté paroissiales a assuré sa sécurité par la construction d’un fort, comme dans la plupart des autres villages environnant (Saint-Cirgues, Chidrac, Meilhaud).
Pardines se compose de deux quartiers, correspondant sans doute aux deux seigneuries entre lesquelles le village était partagé : à l’ouest le quartier de l’église Saint-Martial (celle-ci était à la présentation de l’abbé d’Issoire), dont une partie est appelé “Les Forts”, à l’est, un autre quartier (principalement dans sa partie sud-est, sur un chemin descendant vers Perrier) à conservé le nom des “Varennes”, c’est-à-dire de la maison forte relevant des comtes dauphins (toute trace de cette hypothétique maison forte a disparu).
Une grande partie du quartier occidental (c’est-à-dire du quartier qui relevait de l’abbé d’Issoire) est occupé par un fort de plan quadrangulaire, flaqué de tours d’angle (les vestiges de trois d’entre elles sont identifiables), enfermant de petites parcelles relativement régulières, les une à la périphérie et adossées à la face interne du rempart, les autres disposés sur quatre rangées autour d’un espace vide et séparées des précédentes par des ruelles. L’église était située à l’extérieur du fort, près de l’angle sud-est de celui-ci.
Le nom de Pardines renverrait à la présence d’anciennes ruines, peut-être à mettre en relation avec la nécropole antique de la Maison-Blanche.
D’après le livre “Les Villages fortifiés et leur évolution de Gabriel FOURNIER.